Pour lire le conte :
Cette histoire est courte mais elle vous parlera surement si vous avez déjà préparé une crèche en famille ou entre amis, dans votre église ou votre salon.
C’est arrivé il y a longtemps, quelques temps avant Noël, par une nuit particulièrement claire et froide… Il n’y avait pas de lune, le ciel avait la transparence du cristal, un cristal d’un intense bleu de saphir… Pour l’heure, presque toute la capitale du beau royaume de France dormait … Tout là haut, les étoiles étaient là, par millions, comme une armée innombrable, rangée en bataille, une légion de sentinelles du souverain des cieux… Mais ce qui se préparait n’avait rien à voir avec la guerre… Bien au contraire, ce qui se tramait là-haut, c’était une œuvre toute de beauté, de grâce et de paix, un répit accordé à l’Univers fasciné par l’attente du temps de Noël. Certaines personnes, bourgeois ou saute-ruisseaux, attardées dans les rues, l’ont vue, la lumière, là haut, très haut, entre les étoiles et la terre, au dessus des maisons, des rues et des places et aussi, parait-il, au dessus de la place Royale, au dessus de la cathédrale Notre-Dame et de bien d’autres lieux encore… Assurément, ce devait être une étoile filante d’une splendeur sans pareille… Mais non, en regardant mieux elle se déplaçait trop lentement, avec la majesté d’une comète, la lenteur solennelle d’un cortège royal à l’instant d’un sacre. Quand la lumière s’est approchée des toits de la grande cité, les rares témoins, virent distinctement que ce n’était pas tout à fait un astre mais un ange, oui une créature céleste, comme faite d’or, un ange très beau, drapé de lumière, tenant dans ses mains la plus étincelante des étoiles qui fulgurait comme un soleil. Cet ange était en mission, envoyé par le Ciel pour orner de cette étoile la plus belle des crèches qu’il pourrait trouver dans la bonne ville de Paris. Il cherchait, de maisons en hôtels, de chapelles en oratoires, au cœur de l’île de la Cité et jusque dans les faubourgs … Mais à chaque fois, il repartait car les crèches qu’il voyait en soulevant les toits, en ouvrant une lucarne, étaient toutes aussi belles les unes que les autres… Le choix était difficile et même, disons-le, impossible… Il vola ainsi des tours de la Bastille au Palais des Tuileries, de l’abbaye Saint-Pierre de Montmartre au couvent du Val de Grâce… Il vola jusqu’aux petites heures de l’aube pâlissante sans pouvoir se décider… Alors il se posa doucement sur le toit de la Sainte-Chapelle, réfléchit un instant et s’adressa en prière à ses supérieurs, les archanges, les officiers gradés de sa hiérarchie qui guidèrent son esprit et sa main pour accomplir le jugement final. Sur les conseils d’En-Haut, la fabuleuse étoile fut séparée en mille et un fragments répartis en pluie sur les mille et une crèches si égales en beauté… Chaque crèche triomphait, il n’était plus question de classement, toutes reçurent une gloire égale… Au matin, chaque crèche avait son étoile et l’ange était reparti… Pour toujours ? Oh que non, il revient, parfois… On dit qu’un petit garçon du quartier des Halles l’aurait récemment surpris, dans une cour, à quelques jours de Noël, en train de contempler, par la fente d’un volet entrouvert, une crèche qui luisait dans la pénombre d’un salon… Se sentant observé, l’ange se serait évanoui dans la nuit PFFFTTTT, plus rien, plus de traces, pas même quelques empreintes de pas dans la neige, rien, c’est si léger un ange… Notre jeune témoin remarqua seulement que là où l’ange était apparu, flottait dans l’air une fine et délicieuse odeur de fleurs, des lys, peut-être ? Non ce n’était pas cela, plutôt un parfum de roses… Mais oui bien sûr, des roses de Noël !!! Alors mes amis, mes enfants, que vous soyez de Paris ou d’ailleurs, permettez-moi de vous donner maintenant un conseil : à l’approche de Noël, préparez votre crèche, décorez-là avec tout votre amour, peut-être aidé par votre maman, votre papa, vos frères et sœurs… Cette crèche va illuminer votre fête de Noël et faire entrer le bonheur dans votre foyer… Et si vous ne voyez pas l’ange dont je viens de vous parler, ce n’est pas grave, car vous le savez bien, au fond de votre cœur… La plus belle des crèches…. Eh bien, c’est la vôtre ! (Texte et dessin Alain Sartelet)